J’entends encore trop de débats qui opposent atténuation et adaptation. Il est temps de rappeler quelques points. Et le premier d’entre eux est que l’atténuation EST une adaptation !
Tout changement, quel qu’il soit, en cours ou probable, implique une adaptation, car l’état nouveau est par définition différent de l’état précédent. Atténuer en arrêtant de manger de la viande par exemple nécessite une adaptation de comportement d’abord projectif « comment je vais faire, quel seront les conséquences, comment me passer de quelque chose que j’aime ou que je considère comme nécessaire », puis réaliste, au travers de l’acceptation de cette nouvelle condition qui implique la mise en œuvre de stratégie variée pour ne plus « souffrir » (ici par le manque, la perte d’un plaisir …) de cette nouvelle situation et pouvoir libérer l’esprit afin de pouvoir projeter une nouvelle action future.
Il n’est pas un changement, désiré ou subi, qui puisse s'absoudre d'un processus adaptatif.
Qui peut prétendre n’avoir pas dû adapter son comportement et ses habitudes lors de moment de vie aussi merveilleux qu’emménager avec son amour ou voir naître son premier enfant. Ces deux moments, les plus racontés et théorisés de l’histoire, surprennent toujours par l'ampleur des changements induits toutes les personnes qui le vivent !
Face au bouleversement climatique et environnemental actuel, nous avons donc fondamentalement besoin de l’adaptation.
Une adaptation comportementale pour modifier nos comportements actuels permettant au mieux l’atténuation.
Une adaptation projective pour comprendre les besoins futurs et mettre en œuvre des actions ET se préparer à la vie dans un monde forcément plus chaud.
Une adaptation cognitive pour générer plus de variabilité décisionnelle dans un monde de plus en plus versatile. Ce qui implique un changement profond de l'éducation initiale et continue.
Autant de questions que nous nous posons au sein du Human Adaptation Institute, au travers de travaux de recherche comme Deep Climate ou Migration pour comprendre les mécanismes de ces capacités adaptatives encore si peu utilisées dans nos pays. Car l’adaptation ne pourra pas être pensée uniquement en termes de structures, de législations ou de technologies. Elle doit et devra passer par une adaptation humaine, individuelles et collectives, avec toutes les étapes nécessaires pour y parvenir.
Opposer Atténuation et Adaptation, c’est tout simplement perdre un temps fou à l’heure de l’urgence et faire perdurer des postures qui sont sans doute très utiles dans les dîners mondains ou pour gagner des voix dans son parti, mais parfaitement contreproductives pour aider nos civilisations à faire face au plus grand défi de leurs histoires…
Christian Clot
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