Non, réfléchir au bienfondé de la 5G n’est pas revenir aux lampes à huile comme le dit Monsieur Emmanuel Macron. Ce n’est même pas une décroissance. C’est un ralentissement de croissance. Et cela n’a rien à voir ! Un ralentissement que l’ensemble des données sur l’état de notre planète déterminent comme indispensable. Nous sommes passés en moins de trente ans d’un internet confidentiel au plus gros consommateur de la planète, avec ses échanges et stockages de millions de terras de données et une utilisation massive sur l’ensemble des continents. En trente ans, le monde s’est plus transformé qu’en 300 ans. Prendre une légère pause de réflexion, de questionnement de nos futurs et de nos besoins, est donc loin d’être un retour 300 ans en arrière, ce fameux temps des lampes à huile, mais bien poser les bases de ce que nous désirons, en tant que société, pour notre futur. Loin de moi l’idée de vouloir freiner la découverte et l’exploration qui font partie de nos fondamentaux, mais de repenser la manière dont nous allons poursuivre ce chemin.
La question fondamentale de la 5G est double. Environnementale d’une part, sociétale d’autre part. Deux aspects dont elle va modifier profondément les contours, ce qui justifie en soit à minima un débat et au mieux faire l’objet d’une consultation citoyenne réelle. Car si ces trente dernières années ont été bouleversées par les nouvelles technologies, la 5G -et plus encore la 6 en test déjà actuellement- pourrait être plus qu’une révolution dans ce que représente notre humanité. Loin des théories farfelues d’une 5G porteuses de maladie, d’ondes de contrôle de nos cerveaux et autres, elle représente cependant un tournant profond dans nos modes de vie. Car la question se pose : a quoi sert la 5G ? Nos vies ne sont-elles déjà pas assez aidées par la 4G ? Nos films se téléchargent-ils trop lentement ? nos facetimes sont-ils trop souvent saccadé ?
Reprenons donc les deux points :
Pour l’aspect environnemental, il faut être claire : les promesses d’une 5G « plus économe en énergie » que la 4G est une hérésie. Si, de manière singulière, une antenne 5G plus moderne consomme un peu moins que celle de 4G, tout le reste est à l’opposé. Déploiement de nouvelles antennes (fabrication, métaux rares, transport …) d’une part, mais surtout une large augmentation du trafic internet font exploser la note écologique de manière très significative. Internet est déjà l’un des plus gros pollueurs mondial et responsable d’autant d’émission à ce jour que les transports. Les images de chats et le porno émettent déjà à eux seuls plus que l’ensemble du domaine aéronautique, devenu le symbole à détruire pour sauver le climat (2,8 des émissions mondiales) ! Et les émissions dues aux échanges et stockages de données doublent à minima tous les 8 ans. L’accélération due à la 5G créera une pression encore plus forte sur l’environnement et le climat que les quelques avantages, dont une meilleure surveillance des données climatiques par exemple, sont très loin de compenser.
L’aspect sociétal est encore plus délicat. L’argument 5G est fort. Ne pas se laisser dépasser par d’autres pays, dont la Chine, qui n’a pas nos scrupules, accéder à une médecine plus performante à distance et autres. Mais la 5G, c’est aussi une accélération du déploiement des machines autonomes et de la surveillance. Les véhicules autonomes par exemple ont besoin de
la 5G pour fonctionner correctement. La question qui se pose est, a-t-on besoin de véhicules autonomes ? Et c’est vrai pour toutes les machines prévues pour remplacer les humains, entre autres pour les tâches les plus dégradantes. Une belle promesse qui demande préalablement des efforts considérables en matière d’enseignement, de formation, d’accès à des métiers à forte valeur ajoutée pour deux milliards de personnes dépendants de ces métiers. Je suis 100% pour que l’on se préoccupe enfin de ces personnes, et que l’accès à l’éducation égale et pour toutes et tous soit une priorité. Mais commençons par cela ! L’éducation mondiale représente 4.5% du PIB, il faudrait passer à près de 10% pour que cet espoir se réalise. Pas un seul signal n’est donné dans ce sens, et aucune 5G au monde ne permettra une meilleure éducation quoiqu’on en dise, même à distance. Et alors que les premières caméras à reconnaissance faciale arrivent en France, que celles à reconnaissance émotive pour « prévenir le crime » sont sur les bons de commande de quelques maires, la 5G, qui a des vertus bien entendu, peut aussi devenir l’outil le plus liberticide que la planète ait vu naître.
Comme tout outil, la 5G a des avantages et des inconvénients, qui me paraissent bien trop conséquents pour être compensés par les quelques bienfaits. Avant son déploiement, il me parait indispensable au moins de débattre de ces points (et des milliers d’autres qu’un court article ne peut lister) et si possible de mettre en place les règles et garde-fou indispensable pour permettre un déploiement serein : éducation, évaluation écologique de l’installation et de l’usage, droit des machines (qui ne doivent jamais pas recevoir l’autonomie décisionnelle), lois sur les surveillances dites « émotives » et autres usages de contrôles, et tellement de sujets qui ne doivent pas être décidée en courant sans cesse derrière devant le fait accompli, mais en prenant des orientations déterminées et acceptées en donnant à chacune, chacun, les informations pour prendre une décision éclairée.
Il y a sans doute bien des manières de déployer la 5G, par exemple de manière ciblée là où sont usages est clairement identifié comme utile à l’humanité et la planète, et le but n’est pas d’y opposé une fin de recevoir définitive. Mais de ne pas en faire de son installation l’argument indispensable sans lequel aucun futur ne serait possible, comme veut le faire croire l’idée que « sans elle, ce serait le retour aux lampes à huile » !
Alors, Monsieur Macron, mesdames et messieurs du gouvernement, industriel et chantre des nouvelles technologies, on l’ouvre ce débat ?
(Voir par exemple les débats organisés autour de ces documents par Lan Anh Vu Hong et Antoine Asfar
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