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Couvre-Feu, Covid-19 et bagare de chiffre... Un peu de recul !


Couvre-feu. Un mot moins violent que « confinement » mais que l’on attribue cependant à des périodes sombres de l’histoire. Il fait en tous les cas beaucoup réagir. C’est normal. Cette période est difficile, bien des métiers sont impactés et la visibilité dans l’avenir est presque nulle. Fallait-il le décréter ? Pouvions-nous l’éviter ? La Covid-19 est-elle si virulente qu’elle justifie de telles mesures ? Les débats sont intenses, permettent parfois d’apporter de belles réflexions et, il faut aussi le dire, se crash souvent largement dans les pâquerettes. Nous nous focalisons trop souvent sur notre situation propre, notre secteur d’activité ou pays. C’est normal, mais cela manque souvent de recul. Et en face la communication est trop souvent déplorable pour les rendre efficaces. L’audible se noie dans un marais incongru duquel nous devons essayer d’extirper notre compréhension.

Sans entrer dans le débat du pour ou contre, deux éléments cependant que j’entends souvent me paraissent importants à remettre dans le contexte. Le premier, non, la France n’est pas le pire ni le seul, pays à prendre de telle mesure « jamais vue nulle part ». Le site « COVID-19: Government Response Stringency Index fait le bilan jour par jour des mesures prises par les pays en classant ces derniers par niveau de « coercition ». Plus c’est bleu foncé, plus les mesures sont liberticides dans une échelle de 1 à 100. En avril, tous les pays sauf 3 dépassaient les 50 et 90% des pays dépassaient 85% (carte toute bleue en bas) ! Aujourd’hui, de très nombreux pays sont sous des régimes d’urgence et les couvre-feux existent dans une cinquantaine de pays (seconde carte), et parfois bien pire. Ce n’est pas parce que les voisins le fond qu’il faut le faire aussi bien entendu, mais la France est loin d’être la seule à avoir imposé cette mesure.

D’autre part la question des chiffres bien entendu, et de la saturation des hôpitaux. On pourra débattre longuement de qui a « détruit » l’hôpital, des douze agences santés dont onze sont sans doute inutiles, et d’un budget santé équivalent à l’Allemagne pour un résultat moins efficace. Mais la réalité actuelle est ailleurs et bien peu mise en avant alors que l’on ne parle que de lit : la fatigue des personnels soignants. Qui est passée d’inquiétante à extrême. Infirmières.iers, urgentistes, réanimateurs sont pour beaucoup au bord de l’épuisement mental et physique. 47% des Infirmières.iers peuvent être considéré comme à risque de Burn Out. Le chiffre est un peu moindre pour les médecins, mais il est énorme aussi. C’est aussi pour elles et eux que des gestes barrières et des restrictions sont prises pour réduire les entrées en urgence. Bien sûr, les causes sont connues depuis des années de réductions des effectifs. Mais ce n’est pas en six mois que l’on pouvait former les 20'000 personnels médicaux manquants que vingt ans de réductions ont provoqués. Car au-delà des débats, des « spécialistes » qui pour certain n’ont plus vu de patients depuis un moment, des ergotages sur les chiffres, la réalité du terrain est bien là : plusieurs structures hospitalières s’acheminent vers une saturation et sursollicitent leur soignant. Le jour où ils tomberont… Les questions d’un couvre-feu ou non ne se poseront plus. Nous serons là, vraiment, en état d’urgence absolue.

Nous devrons agir pour faire changer les choses demain. Mais nous devons d’abord résoudre les problèmes dans leurs réalités d’aujourd’hui et avec les données actuelles.



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