Pour différentes raisons, je ne me suis pas encore exprimé sur la guerre en Ukraine. Car ne nous y trompons pas. Il s’agit bien d’une guerre, avec un agresseur et une victime. Je lis ici et là diverses justifications à l’attaque de Poutine sur l’Ukraine.
Le pays serait néonazi, la hantise des Russes. C’est vrai, lors des manifestations citoyennes de 2013 sur la place de Maïden contre le pro-russe Ianoukovitch, le groupuscule néonazi Pravy Sektor a fait parler de lui. Beaucoup de bruit pour peu de monde. Quelques centaines, au plus 4000 personnes. Un peu comme si on accusait la France d’être nazie parce que quelques centaines de connards nazi de "Génération Identitaire" font beaucoup de bruit en menant des actions anti-migrants dans les Alpes.
L’armée ukrainienne aurait tué sans pitié 13'000 civiles à Donetsk et Lougansk, étayé par une vidéo de la journaliste Anne-Laure Bonnel. Oui, depuis 2014, ces deux régions séparatistes sont en guerre contre l’armée ukrainienne. Mais un rapport très étayé de la commission des droits humains de l’ONU de 2020 (lire ici) montre bien que ces 13'000 morts sont surtout dans les deux armées (séparatiste versus Ukraine) avec environ 3500 civils également tués. C’est bien entendu énorme, beaucoup trop, mais assez éloigné de l’idée d’une armée ukrainienne génocidaire envers les pro-russe de ces régions. Cette guerre interne a débuté à la suite de l’annexion militaire de la Russie sur la Crimée. Je déplore cette guerre fratricide, et on peut se poser la question de savoir si l’Ukraine n’aurait pas simplement mieux fait de laisser ces deux régions prendre leur autonomie et se tourner vers la Russie. Cela invite cependant à se poser deux questions : quid de la majorité de la population de ces régions qui, elles, ne voulaient pas l’annexion à la Russie ? Et nous, français, que ferions-nous si demain des pro-allemand de l’Alsace et la Loraine décidait de prendre les armes pour réclamer l’indépendance et l’annexion à l’Allemagne ? Je n’en ai aucune idée, mais la question mérite d’être posée.
Malheureusement les choses sont assez simples. La population ukrainienne a manifesté des mois pour des élections démocratiques. Elle a obtenu gain de cause et élu très majoritairement un président non russophone, tourné vers la démocratie et l’occident. Cela a été le choix de ces populations. C’est ce choix à l’autodétermination qui a provoqué cette guerre. Le seul crime de l’Ukraine, c’est de désirer la liberté de choix. Des dizaines de « négociation » ont eu lieu avec Poutine : par la Suisse, les USA, la Turquie, Israël, la France, l’Allemagne, les Oligarques, l’Italie, le Qatar, l’Arabie saoudite et j’en passe. Avec à chaque fois le même résultat, le même mot, du bout de sa table d’isolement : « niet ». Parce que le dictateur de Russie ne veut pas sauver qui ou quoi que ce soit. Il ne fait que mettre en œuvre ce dont il ne s’est jamais caché, dans de nombreux discours, à de nombreuses reprises, et ce dès 2002 : Poutine a fait de la restauration de la
grande URSS sont but majeur. Le sens de l’histoire. L’Ukraine n’est qu’une étape. Et notre seule chance d’éviter une suite dramatique, c’est la résistance hors norme qu’un peuple libre oppose à une armée d’oppresseur. Cette résistance, qui me fait penser à la guerre d’Espagne, qui montre la puissance que l’esprit de liberté peu insuffler à un peuple, doit être soutenue. Par tous les moyens non guerriers qui sont à notre disposition. C’est pourquoi, à titre personnel, j’ai décidé de m’investir à mon échelle pour être au côté des populations restées en Ukraine. Car si je soutiens sans discussion les actions menées pour accueillir les 2,5 millions de personnes en migration -comme je souhaiterais que nous sachions faire de même pour toutes les autres personnes en souffrance migratoire, mais ce sera l’objet d’un autre post- je ne veux pas oublier toutes les personnes qui n’ont pas pu fuir, qui sont aujourd’hui sous le feu des bombes, des attaques, des viols organisés, des pénuries. Ces humains, qui ne demandaient qu’à vivre, et qui regardent aujourd’hui à chaque instant la mort en face, ne doivent pas être oubliés dans l’aide que nous pouvons apporter à ce peuple.
(PS : je suis bien opposé aux actes de Vladimir Poutine et de son armée, et non au peuple russe dont la majorité subit les agissements du dictateur. S'en prendre à des personnes russes en Europe, agresser une personne de nationalité russe, n'apporte aucune solution à ce confit.)
Comments