Donc Hold-Up. J’ai regardé les 2h43. Peu de nouveauté, car les livres parus ou les nombreuses itv de quelques « stars » du film, comme Jean-Dominique Michel ou Alexandra Herion-Caude disaient déjà tout. Ils vont juste un peu plus loin, dramatisation scénographique et musique de circonstance obligent, car le film est construit ainsi. Je pourrais décortiquer point à point les erreurs, aberrations ou vérités, si on me pose des questions je le ferai (et l’on me démontrera ensuite le contraire), mais je pense que la question n’est pas là. Car ce film résume bien cette crise sur ses quatre drames :
1) La confusion profonde, provoquée aussi bien par les autorités que les détracteurs, qui poussent à choisir un « camp ». Si tu n’es pas d’accord avec un principe pour lutter contre la crise, alors tu es d’accord que le gouvernement « mondial » a tout faux (et qu’il y a complot mondial pour nous asservir). Et si tu défends au contraire certains aspects du plan de lutte, tu es l’un de ces moutons apeurés qui gobent tout ce qu’on lui dit. Entre-deux, un vide qui s’étend de plus un plus. Ce qui est terrible, car cette crise, bien réelle et devenue systémique, soulève de vraies questions, de vrais débats, qui pourraient nous permettre de grandir énormément en tant que peuple, qu’humain, que citoyen du monde. Des débats qui n’ont pas lieu, car il faut être avec ou contre, rester endormis ou « se réveiller ».
2) En écho à cela, et ce qui l’a en partie provoqué, c’est l’incapacité totale à se remettre en question, admettre une erreur et dire, « je me suis trompé, on va devoir changer ». Des deux côtés. Un Veran et consort qui annoncent que le masque n’est pas utile pour la population générale, puis dit le contraire sans passer par l’étape du « on s’est trompé, mais on corrige ». Ou les antis qui continuent d’affirmer qu’aucune 2e vague n’est possible, que les vaccins ne sont pas testés en phase 3 et j’en passe ou que, puisqu’on n’a jamais fait comme cela, c’est anormal de le faire, en oubliant que le contexte populationnel et de déplacement ont totalement changer. Ce manque de remise en question attise les deux problèmes suivants.
3) On refait l’histoire en calquant sur les décisions prises de janvier à avril des connaissances que l’on a acquises durant l’été ou l’automne.
4) On souffle sur la braise des biais cognitifs, et en particulier celui de persuasion. Dans la peur, dans les restrictions, nous avons de plus en plus envie d’entendre un discours qui nous convient, et nous avons toutes et tous, sans exception, augmenté notre appétence pour les contenus qui confirment nos idées. Beaucoup de monde dit d’ailleurs que le film soulève de vraies questions « sauf les 40 dernières minutes » qui portent sur le grand complot mondial. Car les 2h du début énonce des éléments qui peuvent confirmer mes idées, mais je ne suis pas près à aller quand même jusqu’à la thèse des 40 dernières minutes… En oubliant que les 2h du début sont construites entièrement pour amener cette fin.
On peut donc écrire des centaines de pages sur Hold Up et sans le savoir je l’ai déjà fait en partie avec le livre « Covid, et après, notre nouvelle terre inconnue » (Michel Lafon) qui essaye de décortiquer ces principes pour penser différemment demain. Mais au final, il n’y a qu’une chose que je retiens : comme dans toutes crises, il y a ses profiteurs. Ceux qui, sans l’avoir provoqué, se repaissent de son cadavre. Gilead et son Remdesevir inutile à 3120 $ ou Amazon et autres géants de la tech qui voudraient voir le monde devenir une plateforme numérique. Mais c’est une vérité aussi pour les complotistes, les vrais (pas les millions de personnes qui cherchent seulement des réponses et parfois se perdent en le faisant), ceux qui construisent mot à mot leur réputation et financement sur des mensonges construits parce qu’ils savent être impactant.
Je reviendrai donc sur le principe du complot et son fonctionnement, et la différence avec les lanceurs d’alerte, dans mon live de jeudi et dans quelques textes.
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