Il y a 5 ans, on se réveillait en espérant avoir fait un cauchemar. Non. Le Bataclan avait bien eu lieu. Ce n’étaient pas des caricatures, mais de la musique, un temps de loisir. Ce n’étaient pas des musulmans, mais des extrémistes terroristes. C'était 130 humains. Des humains et un symbole. Celui de pouvoir être et agir librement, en tant que femmes, en tant qu’homme, en tant que citoyen.
En pensant à ces 130 personnes, je pense aux milliers de filles et femmes massacrées au Nigeria par Boko Haram depuis dix ans. Parce qu’elles sont femmes. Aux milliers d’autres qui meurent au Pakistan, Kenya, Bangladesh, parce qu’elles veulent aller à l’école. Aux dizaines de milliers d’humains qui tombent chaque année dans ces attentats (23'000 d’attentats directs et des dizaines de milliers qualifiés de meurtres), parce que leur existence, leur seule existence, est une provocation pour certains, dans ces pays qui, depuis quelques semaines, manifestent contre l’horreur que représentent des dessins. Alors, évidemment, le vivre ensemble doit nous faire réfléchir aux mots, écrits, représentations que nous émettons, qui peuvent offenser un grand nombre de personnes. Mais n’oublions jamais que les seuls responsables de ces attentats ne sont ni des caricatures, ni la musique, ni l’école, mais des extrémistes qui s’attaquent sans distinctions aux athées, musulmans, juifs, chrétiens et autres, dès lors qu’ils ne ressemblent pas à leur idéal : être soumis à leurs propres visions du monde. Une vision où les femmes n’ont pas leur place, où l’éducation est inadmissible et la liberté intolérable.
À chaque fois que nous les excusons parce qu’ils auraient été provoqués, nous détruisons quelques bribes d’un monde où chaque humain, sans distinction de genre ou d’origine, est en droit de recevoir une éducation, la liberté d’être et d’agir, une vie. Car c’est contre cela, et seulement contre cela, que les extrémistes se battent.
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