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ULTIMA CORDILLERA 2006 SOLO

Premier homme à entrer dans la partie centrale inexplorée
de la Cordillère de Darwin

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D'octobre à décembre 2006, Christian Clot est devenu le premier homme à entrer dans la partie centrale inexplorée de la Cordillère de Darwin (Chili), l'une des dernière terre à ciel ouvert encore à découvrir.


En solitaire, il y a effectué une boucle et deux sommets, qu'il a pu nommer.


Après cinq ans et trois expéditions, il est ainsi arrivé au terme de son exploration des montagnes de la Terre de Feu !

LE PROJET GLOBAL

 

En janvier 2004 Christian CLOT accompagné de Karine MEUZARD et Raphaël ESCOFFIER mène une première expédition en Cordillera Darwin - découverte par les explorateurs en 2002 - qui n'atteint pas les objectifs prévus en raison d'une météo terrible, mais constitue une très bonne reconaissance du terrain.

 

En mars 2006, une nouvelle expédition est montée, cette fois avec des scientifiques, afin de mener les premières études in situ en Cordillera Darwin et à nouveau d'explorer le centre. Si la partie scientifique se passe assez bien, l'exploration du centre-est à nouveau impossible en raison des conditions météos.

 

En octobre 2006, Christian Clot repart donc, cette fois en solitaire pour plusieurs semaines d'exploration qui cette fois aboutisse au résultat espéré avec la première exploration du centre de la Cordillera Darwin !

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La CORDILLERA DARWIN
 

- La Cordillera Darwin est située au Chili, sur une péninsule à l’Ouest de la Grande Ile de la Terre de Feu. C’est une bande de 55 km N/S et qui s’étend d’Est en Ouest sur 170 km. 


- Son point culminant est le Mt Shipton, jusqu’en 2003 nommé Darwin, dont l’altitude n’est pas connue avec précision, donné entre 2'400 m. et 2'600 m.


- Elle est entourée de mer : longée au Nord par le canal Almirantazgo – lui-même relié au détroit de Magellan - au Sud par le canal Beagle, elle se termine à l’Ouest par le canal Cockburn et l’Océan Pacifique.


- Seule sa partie est est reliée à la terre, proche de la frontière avec l’Argentine. La ville la plus proche est Ushuaia, en Argentine. Cependant il est impossible de se rendre dans les montagnes depuis cette ville par voie terrestre, en raison d’un terrain particulièrement difficile et des problèmes frontaliers.


- Punta Arenas, la ville chilienne la plus proche est à env. 250 km par la mer. Ushuaia est plus proche et se situe en Argentine où l'accès terrestre est impossible. Aussi, cette ville ne constitue pas une bonne base arrière.

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Cartographie

 

Il n'existe aucune carte précise de cette partie de la Terre de Feu. À côté des cartes générales de la Terre de Feu - qui ne s'occupent pas vraiment de ces montagnes et dont les informations sont souvent erronées - seules sont disponibles les cartes préliminaires de l'Armée Chilienne, datant de 1947 (uniquement en photocopies) et des cartes japonaises qui ne présentent que les lignes de crêtes. Ces cartes ont été réalisées d'après photos, sans aucune mesure sur le terrain.

Il faut se reporter aux photos aériennes, particulièrement aux nouvelles images réalisées en 2001, pour avoir une idée plus précise du terrain. Cela donne une idée générale de la topographie et des milieux, sans donner aucune indication sur les possibilités d'ouvrir un chemin. 

   

 

Le terrain est composé principalement de 3 types d'éléments:

 

1) L'eau. Élément indissociable de ces montagnes du Bout du monde.


Elle est partout. Dans les océans et fjords qui entourent les montagnes, dans les glaces qui recouvrent la majeure partie du territoire et dans l'air. Les précipitations, fortes et nombreuses, mais plus encore l'humidité particulièrement élevée donne l'impression de vivre en permanence dans l'eau.

2) La végétation, torturée, est un mélange de forêt primaire aux racines puissantes - pour résister aux vents - et de tourba, une couche de mousse spongieuse très profonde. Cette forêt forme un cordon jusqu'à 600 m d'altitude entourant l'ensemble des montagnes. Il n'est pas rare de la voir longer les glaciers qui vont se jeter au fond des fjords. C'est un obstacle majeur qui a, à lui seul, bloqué un bon nombre de tentatives d'expéditions en Cordillera Darwin.

3) L'environnement glaciaire. Après les impressionnants glaciers des Hielo Patagonico Norte y Sur, la Cordillera Darwin est le troisième champ glaciaire du Chili. Dès la sortie de la forêt, vers 600 m d'altitude, on entre dans la zone des moraines glaciaires avant de laisser place dès 800 m aux glaciers proprement dits, et ce sans parler des langues glaciaires qui descendent jusque dans les fjords. Ces gigantesques glaciers aux crevasses et séracs innombrables sont parmi les plus rapides du monde et certains sommets comme le Sarmiento à 2'300 m sont connus pour être formés uniquement de neige soufflée ! Ce terrain, sans cesse battu par les vents et les précipitations, est en perpétuelle mutation et subit les assauts spectaculaires de l'actuel réchauffement climatique.

Tout bouge tellement vite que vivre sur ces glaciers donne une étrange impression d'être dans un océan déchaîné où la force des éléments se serait mise sur mode ralenti. Des crevasses qui s'ouvrent et se ferment en une seule nuit, des vents qui nous soulèvent de terre, des chutes de séracs à tout instant... Un terrain qui se meut, qui s'ébroue, s'exprime par tous ses pores...


Terriblement impressionnant, et tout autant fascinant. 

Le climat

 

 Le grand défi ! Certains scientifiques s'accordent pour dire que la Cordillera Darwin est un nœud primordial qui régit les mouvements d'air de la planète entière : supposition ou vérité ? Néanmoins, la Cordillera Darwin est soumise au climat le plus tempétueux qui soit. Elle est le premier obstacle aux vents venus de l'Antarctique et au point de rencontre du Pacifique et de l'Atlantique. Une confrontation qui ne laisse jamais en paix cet endroit du globe. Les vents peuvent atteindre des vitesses phénoménales, tourbillonnent sans cesse et l'humidité est particulièrement élevée, surtout entre 0 mètre et 1'300 m d'altitude.

Le temps peut changer d'un instant à l'autre, faisant défiler les quatre saisons en une seule journée. Soleil, grêle, neige, pluie, températures "chaudes" ou glacées peuvent se succéder en quelques instants. 

   

 

Les vents

Sans doute l'un des aspects les plus représentatifs et fabuleux de cette région. Nous sommes à deux pas du fameux Cap Horn, dans la zone nommée par les marins les "Cinquantièmes Hurlants" par analogie aux "Quarantièmes Rugissants". Des mots qui représentent bien la puissance dégagée par les courants aériens des cinquantièmes parallèles. Mais ils ne suffisent pas ! Ils manquent de nuances tant la diversité des vents est importante et variée. Les Yamanas, Indiens qui habitaient dans les fjords et sur les côtes de la Terre de Feu avaient plus de trente mots pour désigner les vents. Une richesse de vocabulaire indispensable pour comprendre les liens qu'entretiennent les airs avec les terres du Bout du monde.

Mais les marins sont sur les océans, à 0 mètre d'altitude. Nous, nous sommes en montagne ! Nous subissons ainsi ces conditions aérologiques complexes, ajoutées au terrain d'altitude qui décuplent les problèmes, en créant des couloirs à vents, en accélérant les vitesses, en créant des tourbillons ingérables qui rendent impossible la détermination du sens du vent.

Notre plus grande hantise, et c'est déjà celle des marins, c'est un coup de Williwoo, une rafale coup de poing, très localisée, pouvant atteindre plus de 150 km/h et qui arrive d'un seul coup, sans signe avant-coureur. Il est alors impossible de se tenir debout.

Pourtant, sans ces vents, que serait le Bout du Monde ? Ce sont eux qui changent le climat en un rien de temps et qui ont façonné le terrain. Ce sont eux qui font défiler les nuages, créant mille peintures différentes chaque jour. Ce sont eux qui ont créé le mythe du Cap Horn et de la Terre de Feu. Sans eux, rien ne serait pareil, et la Cordillera Darwin serait explorée depuis longtemps...

Alors, même si vous êtes parfois pénibles, dangereux, mutins ou gênants... Merci les vents !

Histoire

  

Découverte au XVe siècle par Magellan (P) pour le compte des Espagnols, la Terre de Feu a été longée au Sud pour la première fois par Robert Fitz Roy (UK) en 1830 durant son premier voyage sur le Beagle. Il y reviendra deux ans plus tard, en 1832 avec le naturaliste Charles Darwin, qui donnera son nom aux montagnes et au sommet le plus haut visible depuis le canal. Le premier véritable explorateur de cette cordillère, au début XXe siècle est le père Alberto Agostini (I). Il s’est cependant cantonné aux parties aisément accessibles, à l’Est et à l’Ouest, comme le feront tous les explorateurs après lui. La seule exception est Eric Shipton (UK) qui s’est aventuré en 1962 au centre de ces montagnes, et a réalisé le sommet le plus élevé qui deviendra, en 2004, le Mt. Shipton. Aujourd’hui, personne n’a encore exploré la partie majeure du centre de cette cordillère.

Il faut également noter que, jusqu’au début du XXe siècle, des Indiens vivaient sur les côtes de la Cordillera Darwin. Les Yamanas y pêchaient et chassaient entièrement nus. Il semble cependant qu’ils ne se soient jamais aventurés dans les montagnes, qui étaient des divinités pour eux. Ils ont tous disparu, victimes des colons blancs et des maladies.

Inexplorée, vraiment ?

 

Inexploré... Un terme qui laisse rêveur. Comment affirmer aujourd'hui qu'un territoire est encore inexploré ? Avec nos satellites qui vadrouillent un peu partout, des siècles d'histoire d'exploration et une idée générale que tout a été fait ! 

   

 Pourtant, nous avons décidé d'affirmer que cette terre où nous allons est encore inexplorée.

En premier, nous parlons bien d'un territoire inexploré, pas d'un territoire inconnu. La nuance est importante. Aujourd'hui, sur terre - je veux dire à ciel ouvert et non dans des cavités ou des fonds marins - tout le relief est connu. Nous savons où se trouve quoi, montagnes, îles, déserts, etc. La carte du monde est claire et je pense, peu remise en doute. Bien. Sauf que savoir qu'une terre existe, en avoir une image aérienne ou par satellite ne veut pas dire que quelqu'un s'y est déjà rendu ! Or, si personne ne doute de l'existence de la Cordillera Darwin, si nous en possédons des photographies aériennes fort bien faites, il semble bien que personne ne se soit encore rendus au centre de ces montagnes. Ensuite, nous n'affirmons pas que personne ne s'est rendu en Cordillera Darwin, loin s'en faut, mais bel et bien que le centre de ces montagnes, soit environ 150 km sur 50 km sont inexplorés.

Durant quatre ans, nous avons cherché tous azimuts, lancé des appels à un grand nombre de clubs alpins dans le monde, du Japon à l'Italie, de la Nouvelle-Zélande à l'Espagne, nous avons creusé les archives et interrogé la plupart des personnes en vie ayant eu un rapport avec la Cordillera Darwin, afin de dresser un bilan des expéditions et explorations réalisées dans la région de la Terre de Feu (voir la Chronologie des expéditions). Nous n'avons trouvé aucune indication d'une expédition menée au centre des montagnes, entre le Mt Shipton et le cordon Navaro, proche du Mt. Sarmiento (voir la carte de situation)

Mais bien entendu, cela n'est pas suffisant. Il faut se poser la question différemment.

La découverte de la Terre de Feu est assez récente. Ce n'est qu'en 1520 que Magellan trouve le détroit qui porte son nom et il faudra attendre 1830 pour que le canal de Beagle soit découvert et avec lui la réalité de la Cordillera Darwin. Avant cette date, les très rares personnes étant passées dans cette région avaient bien d'autres préoccupations.

Viennent alors deux événements importants. L'année hydrographique internationale des années 1870 et l'Himalaya. La première fait que les personnes qui se baladent dans le Grand Sud y sont pour la science et la seconde que les velléités des pays, et des alpinistes, se tournent vers la très haute altitude. Sauf pour quelques purs passionnés, durant près de 100 ans, seul l'Himalaya semble avoir grâce aux yeux des grimpeurs. La Cordillera Darwin n'intéresse alors personne, ou presque, d'autant qu'elle a trois arguments phares pour éviter que l'on s'intéresse à elle : sa faible hauteur, sa difficulté d'accès et surtout son climat, plus que rébarbatif.

Ainsi, toutes les tentatives connues depuis le début du 20e siècle se contiendront dans les parties Est et Ouest, les plus accessibles.

Aujourd'hui, les grimpeurs du monde entier se tournent vers de nouveaux objectifs, dont la Cordillera Darwin. Mais depuis les années cinquante, tous les mouvements de bateaux sont suivis et connus, et les alpinistes s'attaquant à ce genre de difficulté ont tendance à l'annoncer, au moins aux clubs alpins, à l'Alpine Journal anglais ou américain ou à des magazines de montagne.

Restent les Yamanas, le fameux peuple des canaux qui vivait autour de la Cordillera Darwin, dans les fjords. Ils étaient robustes et sans cesse au pied des montagnes. Pourtant, je ne pense pas qu'ils aient tenté quelque chose. Bêtement parce qu'ils avaient autre chose à faire, occupés à se nourrir ou maintenir le feu, mais aussi parce que ces montagnes étaient le domaine d'une forme de divinité pour eux. Le Dieu Mwono de la montagne et des tempêtes y avait élu domicile. Et l'on ne va que rarement défier les dieux. Enfin, rien, ni dans leur vocabulaire ni dans leurs légendes et récits, n'indique qu'ils se sont intéressés à la montagne ou qu'un téméraire s'y soit attaqué.

Au bout du compte, pour que des Andinistes s'y soient rendus sans que personne ne le sache, ils auraient dû louer un bateau, et cela se saurait ou en posséder un et être de bons alpinistes en plus de bons marins. Y être allé avant les années cinquante, puisque depuis la toile d'araignée des radios militaires repère tout mouvement nautique, prend contact et le signal. Il aurait pratiquement aussi fallu qu'ils ne demandent des renseignements à personne, qu'ils ne s'annoncent nulle part, qu'ils soient discrets comme un agent secret. Bref, qu'ils aient tout fait pour que personne ne connaisse leur passage ! À quoi bon ?

Cela dit, si de telles personnes ont existé, je suis persuadé qu'elles me pardonneront de les avoir oubliées...

Alors, inexploré le centre de la Cordillera Darwin ? Sans doute, malgré le fait qu'il restera toujours "Le" pour-cent de doute. Mais quoi qu'il en soit, cette partie est bien plus inexplorée que tous ces territoires que nous, Européens, avons découverts et déclarés comme inexplorés jusque-là... Bien que des hommes y vivaient depuis des siècles ! Alors au fait, cela veut dire quoi, "inexploré" ? Tout est tellement relatif !

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Traversée d'exploration

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En BLEU : Trajet pensé et idéal.
En ROUGE : Trajet effectué par Christian Clot et les deux sommets gravis.
En JAUNE : Trajet de la tentative par le Sud, avortée en raison des glaces.
Zone MARRON : Zone des expéditions de 2004 et mars 2006 avec Karine Meuzard, Raphael ESCOFFIER et les scientifiques.
Zone VIOLETTE : Zone jusque-là considérée comme inexplorée. 

 
Dernier camp le plus à l'Ouest : W 070°11.484 / S 54°37.601 
Point atteint le plus à l'Ouest : W 070°10.937 / S 54°37.059

En dehors des fonds marins et de la croûte terrestre, il semble que notre monde soit connu et cartographié. Il reste pourtant encore quelques zones à ciel ouvert non cartographiées où l'homme n'a pas encore posé les pieds. La Cordillera Darwin en fait partie !
 

Personne n'avait encore été dans sa partie centrale, entre les Mont Shipton et Sarmiento, soit une distance de 150 km pour 60 km de large. Effectuer une boucle dans cette partie a permis a Christian Clot d'être le premier à pénétrer dans ces terres, le premier à l'explorer ! 

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Evoluer dans ces terres inconnues, sans carte ni information a nécessité un long travail d'observation et souvent beaucoup de retour sur ses pas. Pour 1km parcouru, c'est souvent 3 à 4 km réellement effectués.

Il faut accepter ces nombreux tâtonnements, ces erreurs de route répétitives si l'on veut arriver au but.

Environnement

   

La Cordillera Darwin est une zone emblématique de différents problèmes liés à l’environnement. Les études scientifiques que nous allons mener nous permettront de mieux les comprendre. 

   

 Elle possède des milieux naturels exceptionnels qui sont aujourd’hui menacés :


● Forêt primaire de plus de 6’000 ans, non touchée par l’homme et où se sont développées différentes espèces animales et végétales.


● Champ glaciaire important en profonde mutation et menacé de disparition.


Malgré son éloignement des actions humaines elle en subit les conséquences. Située juste sous un important trou dans la couche d’ozone, elle subit de plein fouet les problèmes liés au réchauffement climatique.


Cela montre l’importance d’une réflexion environnementale mondiale 

   

La disparition probable des glaciers à très court terme à l’échelle de la planète, si rien ne change rapidement, est un symbole grandeur nature des risques de disparition des milieux naturels et de l’eau potable.

L’intérêt qu’inspire ce type d’expédition en fait un support pédagogique important. Nous désirons sensibiliser le public, au travers de nos actions de communication, sur les problèmes liés à l’eau douce, à la préservation des milieux naturels fragiles et au réchauffement climatique.

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Étude scientifique

  

La Cordillera Darwin, préservée depuis des millénaires est un formidable pôle de recherche, en particulier en terme de glaciologie, climatologie et biologie. De plus, aimer un milieu, une terre, c'est aussi avoir envie de le connaître mieux, au-delà du ressenti émotionnel fort. C'est pourquoi, dès le début de la préparation de cette expédition, nous avons décidé d'y ajouter un volet scientifique.  

 

Sa difficulté d'accès et son climat ont rendu jusqu'ici les études sur le terrain impossibles. Sans être une mission scientifique au premier sens du terme, ouvrir la voie à une meilleure connaissance de ce milieu est l'un des défis de notre expédition.

Si une partie des mesures sera effectuée durant la traversée, d'autres, les plus importantes, ont été effectuées durant la première partie de l'expédition avec trois scientifiques.

Glaciologie

 

En partenariat avec l'IRD (Fr) et la CEQUA de Punta Arenas. Resp. : Bernard Francou.

La Cordillera Darwin subit de plein fouet les problèmes liés au réchauffement climatique. Ses glaciers fondent à une vitesse surprenante. Le plus grand d'entre eux, le Marinelli, a perdu plus de 15 km en 40 ans dont 5 ces dix dernières années. À ce rythme, il est urgent d'y réaliser des études.

D'autre part, des études glaciologiques sont menées, sur l'ensemble de la cordillère des Andes et en Antarctique. La Cordillera Darwin en constitue aujourd'hui le chaînon manquant par rallier la "zone glaciaire" du Venezuela au Pôle Sud.

Ce qui avait déjà été fait :


Actuellement seul des études comparatives d'après des images aériennes ont été menées. L'une des premières est l'œuvre d'un français, Louis Lliboutry. Il a également dessiné une carte synoptique de la région. Ces études ont permit de montrer le recul impressionnant durant le XXe siècle des glaciers du Nord de la Cordillère. Ceux du Sud, eux, semblent plutôt stagner. Il faut dire que se sont eux qui reçoivent de plein fouet les vents les plus froids.
Voir des images du recul des glaces.

Ce que nous avons fait :


Les conditions climatiques et de terrain ne nous ont pas permis d’effectuer un carottage de glace, mais de nombreuses observations ont néanmoins pus être effectuées concernant le glacier Marinelli. Ce dernier a un recul inexplicablement rapide depuis quelques décennies, et subit une profonde mutation qui va en s’accélérant. C’est le cas pour de nombreux glaciers de la Cordillera Darwin. 

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Entre 2004 et 2006, la transformation physique et la perte de masse de ce glacier est impressionnante, à un tel point qu’il est devenu méconnaissable pour Christian Clot et Karine Meuzard, auteurs d’une première expédition en ces lieux en 2004. Bernard Francou, spécialiste des glaciers des Andes, a été très impressionné par son état et les marques de son recul. Commencé entre 1945 et 1984, le recul de ce glacier d’aujourd’hui 163 km² pour 22 km de longueur, s’est accéléré de manière drastique ces 20 dernières années (10 km de perte) soient au total plus de de 25 km de perdus. Ce retrait du Marinelli est le plus rapide de tous les glaciers documentés d’Amérique du Sud, et l’un des plus rapides au monde. Il reste un mystère alors que les précipitations ont plutôt augmenté avec des températures en réchauffement, mais de manière raisonnable. Cela dit, les données météorologiques manquent aujourd’hui pour déterminer quelle est la part du réchauffement dans ce recul, et sont même parfois contradictoires entre différentes stations. De nouvelles études sont actuellement en préparation. 

Météorologie

 

 En partenariat avec l'Université de Punta Arenas. Resp. : Marcelo Arevalo.

Comme expliqué dans la partie "Terrain et climat", la Cordillera Darwin subit un climat particulièrement perturbé et complexe. Si des stations météos existent à Punta Arenas, Ushuaia et, depuis peu, dans un fjord au niveau de la mer au Sud de la Cordillère, il est intéressant de comparer ces données avec des mesures effectuées directement dans les montagnes.

 

De même, une étonnante théorie s'est développée depuis quelques années. Certains scientifiques américains pensent aujourd'hui que la plaque tournante que constitue la Cordillera Darwin pourrait influencer la météo sur l'Atlantique Sud et Nord, et ce jusqu'en Europe ! Il est ainsi d'autant plus intéressant d'aller y effectuer des études météorologiques et glaciologiques.

Nous allons effectuer des mesures de températures, de précipitations et de force des vents, selon des protocoles établis à l'avance.

Ce que nous avons fait :


Nous avons installé une station météorologique fournie par La Crosse Technology durant la durée de l’expédition. Installée au col d’accès au glacier Marinelli, à une altitude de 700 m. Un baromètre, pluviomètre, anémomètre et thermomètre ont ainsi fonctionné de manière autonome. Malheureusement, les précipitations trop fortes et la neige ont très vite saturé le pluviomètre dont les données n’ont pas été exploitables. Les pressions ont variés de 915 à 938 hPa, avec une moyenne de 923.8 et les températures entre -1° C et 5 °C avec une moyenne de 2.42 °C. Des températures assez clémentes qui ne doivent pas faire oublier qu’avec des vents dépassant 185 km/h et une humidité relative de près de 95%, les températures ressenties sont descendues jusqu’à -30 °C. Cette station sera réinstallée au cours de la seconde partie, puis de manière semi-permanente si possible.

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Entomologie / Biologie

 

 Resp. Jean-Jacques Menier et Christian Clot

Lors de l'expédition 2004, nous avons été surpris de constater qu'un nombre impressionnant d'insectes courait sur le glacier Marinelli. Des insectes de plusieurs centimètres, au corps effilé et avec de longues pattes comme nous n'en avions encore jamais vus sur un glacier. Certes, cela ne veut pas dire grand chose vu nos connaissances restreintes en entomologie. Cependant il n'est pas impossible que le caractère préservé de la Cordillera Darwin ait permis le développement d'espèces uniques.

Ce que nous avons fait :


Selon une procédure mise en place avec le musée d'histoire naturelle, nous avons ramener un certain nombre d'échantillons pour être analysé dans le calme d'un laboratoire. Ces insectes entre 1 et 2 cm, de couleur noire et plus rarement orangée, du groupe des Plécoptères, des insectes analogues ont été récemment découverts sur le Hielo Patagonico.

 

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Ils ont été nommés Dragons de Patagonie. Il est possible que ceux observés en Cordillère de Darwin par Karine Meuzard, Christian Clot durant leur première expédition en 2004, et ramenés par Ultima Cordillera 2006, soient arrivés durant la glaciation du canal de Magellan, voilà 40’000 ans et se soient développés depuis, en totale autarcie. Une espèce passionnante, méconnue, qui intéresse aujourd’hui autant les entomologistes que les chercheurs sur le développement de la vie dans la glace : l’adaptation de ces insectes à la vie dans la glace ouvre de nombreux questionnements. Les échantillons ramenés pour étude sont les premiers au monde venant de ce secteur, séparés du continent par la mer.

Topographie

 

 En partenariat avec l'IGN et Thales Navigation. Resp. José Araos et Karine Meuzard

De nombreux sommets n’ont pas de nom et aucun n’a d’altitude précise. Celles données actuellement ne le sont que par hypothèses. Les rares cartes de la zone sont imprécises et souvent contradictoires les unes avec les autres. Prendre des données de positions et d’altitude est important pour la connaissance ce cordon andin.

Ce que nous avons fait :


Avec un GPS professionnel – Le Pro Mark III - nous avons mesuré l’altitude de points de référence entre autres au niveau de la mer - et enregistré des profils de pentes.

Lors de la seconde partie de l’expédition, nous tenterons de mesurer plusieurs sommets, dont le point culminant, le Mt Shipton.

Ces données, ajoutées à notre documentation préalable et au travail d’imagerie que nous effectuerons sur place permettra d’établir, par recoupement satellite, la première carte précise de la zone ainsi qu’un répertoire des sommets de cette chaîne de montagne. 

   

 

Documentation

 

 Resp. Karine Meuzard

Depuis 2001 et notre découverte de la Cordillera Darwin, nous avons effectué un important travail de documentation. Nous avons réuni toutes les cartes et images aériennes, les études scientifiques déjà effectuées dans la zone et les secteurs alentours et établi une liste quasiment exhaustive des expéditions effectuées en Cordillera Darwin.

La compilation de ces données, qui se poursuivra dans les années à venir, permet déjà une meilleure appréhension de ce milieu hors norme et constitue une base de donnée importante, consultable par tous. 

   

   

 

 Et maintenant : Suite donnée à nos observations !

 

   

 Aujourd’hui, suite à aux observations de l’équipe de l’expédition, l’intérêt de mettre en œuvre des programmes d’études à long terme a été démontrée.
 

Des discussions sont engagées entre la CEQUA, l’IRD, l’UNESCO et notre expédition pour mener un programme plus vaste et à long terme de monitoring de certain glaciers de la zone, en même temps que pour installer une station météo permanente. Un programme particulièrement important aujourd’hui au vu de la position stratégique de la Cordillera Darwin et du fait du manque important de connaissances à son sujet. Il reste cependant à définir les modalités et les moyens pour mettre en œuvre ces études. En effet, l’accès terrestre reste particulièrement difficile et l’accès aérien est presque impossible au vu des conditions aérologiques. Le professeur Américian Mayevski, qui a voulu tenter un carottage presque au même moment que notre expédition l’a bien compris, avec la perte malheureuse de tout son équipement et d’un hélicoptère.


Il est important que les actions soient coordonnées entre les différentes équipes afin de servir la connaissance de ce lieu, et l’expédition Ultima Cordillera, avec l'appropriation de ce milieu, a un rôle important à jouer de ce point de vue.

 

 Ces projets d’études à long terme, issus de nos travaux, sont l’un des plus beaux succès de cette partie scientifique de l’expédition.

Physiologie-Psychologie

Responsable : Professeur Jean-Paul Richalet, Université de Bobigny
Avec : Didier Chapelot, nutritionniste et Cécile Vallet, psychologue.

Il est intéressant de voir l’évolution physique et psychique d’un homme et d’une femme soumis aux conditions extrêmes et à l'isolement. Nous effectuerons ainsi des tests avant, pendant et après l’expédition afin d’évaluer les évolutions de l’un et de l’autre.

Ces tests porteront sur deux sujets principaux :


Nutrition : À l'aide d'un cardiofréquencemètre particulier de la marque POLAR, nous pourrons évaluer entre autres nos dépenses caloriques, et nous connaîtrons d'autre part avec précision, nos apports caloriques. Cela permettra, grâce aux bilans complets avant et après l'expédition d'évaluer la perte de masse grasse et surtout de masse sèche, et ce pour chaque partie du corps dissociée. D'autres points sur les fréquences cardiaques seront également étudiés.


Psychologique : Entre le temps 1, avant et le temps 3, après l'expédition et les évaluations que nous effectuons avec le docteur Cécile Vallet, il y a le temps 2, l'expédition. Au cours de cette dernière, chaque semaine, nous effectuerons les mêmes tests : mnémotechnique, mémoire, langage et d'autres plus subjectif comme nos sensations, prise de décisions… Cela permettra d'évaluer notre évolution durant l'expédition.

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Présentation de l'équipe des expéditions en Cordillera Darwin 2006

 

   

 Christian Clot a effectué en solitaire la partie exploratoire de l'expédition. Une simplicité qui lui a permis de retrouver la communion avec le milieu indispensable dans ce genre d'environnement. Cependant, la première partie de l'expédition s'est déroulée à plusieurs, et l'équipe de soutient pour mettre en place les expéditions a été importante. En voici la liste. 

   

 

Pour l'ensemble de l'expédition :

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Christian CLOT, 33 ans, Suisse, chef d'expé.
logistique, photographie et vidéo.

À côté de son métier de comédien et cascadeur, il a réalisé de grands périples et de nombreuses ascensions techniques. Partir à la rencontre des terres extrêmes de notre monde lui permet de réunir ses passions: photographie, écriture et engagement de soi. ULTIMA CORDILLERA est un pas de plus dans cette confrontation de l'homme avec la nature.

Équipe scientifique : pour la première partie de l'expédition.

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Karine MEUZARD, 31 ans, Française.
documentation, dessin et vidéo.

Dessinatrice et graphiste, elle emmène ses crayons au quatre coins du monde et sur les plus hauts sommets, où elle immortalise à sa manière les lieux, les gens et leur vie. Passionnée des grandes histoires de l'exploration, elle est l'initiatrice de l'expédition.

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Bernard Francou, F, 51 ans
Glaciologue, professeur à l’Université de Grenoble et directeur de recherche à l’IRD (Institut de la Recherche et du Développement).

Depuis près de 30 ans, cet alpiniste confirmé mêle ses deux passions, alpinisme et glaciologie. Il est un spécialiste des Andes dans lesquelles il a vécu de nombreuses années, et il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’alpinisme et la glaciologie. Spécialiste des prélèvements en terrain difficiles d’accès, il a, entre autres, effectué des carottages sur l’Everest, et de nombreux plus de 6’000 mètres.

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Marcelo Arevalo, CL, 47 ans  
Ingénieur auprès de l’Université de Punta Arenas.

Marcelo est, depuis près de 25 ans, LE spécialiste des études de terrain pour toute la zone Sud de la Patagonie. C'est par lui que presque toutes les expéditions de recherche passent, avec sa connaissance des lieux et son côté Mac Gyver qui sont des aides précieuses. Et cela ne s'est pas démenti lors de notre expédition. Il est également l’auteur en 1982, avec quatre amis, d’une traversée Nord-Sud à l’Est de la Cordillera Darwin. Il attend depuis ce jour de pouvoir y retourner !

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José Araos, CL, 30 ans 
Géographe-Topographe pour la CEQUA de Punta Arenas (Cl), 
il travail également sur des projets de glaciologie. Passionné d’expéditions, il a déjà plusieurs travaux sur le Hielo Patagonico Sur à son actif. Il avait en charge la mise en corrélation des données de terrain en rapport avec les images satellites et photos aériennes, et la partie topographie. C'est lui maintenant qui monte les dossiers pour les études de monitoring à long terme des glaciers de Darwin.

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Roland Théron, F, 45 ans
Cinéaste.

Cinéaste depuis 22 ans pour de nombreux documentaires. Il est spécialisé dans le film en conditions difficiles. (Thalassa, Raid Gauloise, Envoyé spécial, magazine Montagne, la marche du siècle...etc).

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