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Christian Clot

Je suis un migrant en France...

L’INSEE détermine toute personne née à l’étranger d’une nationalité étrangère comme une personne migrante, et ce jusqu’à la fin de sa vie, même si elle a entre-temps obtenu la nationalité française, créé des emplois et aidé au développement économique… Comme pas mal de migrants. Je fais donc partie des chiffres de l’immigration. Je suis de la couleur de peau majoritaire, je parle la langue, je suis assimilé aux « coutumes » du pays et son histoire et je n’ai pas dû fuir ma nation pour des raisons de guerre ou d’extrêmes pauvretés. Je ne prétends donc pas comprendre la violence morale et physique que vivent les personnes arrivant en France pour ces raisons. Mais ce que je sais, c’est l’importance de se sentir accueilli, apaisé, aidé, pour parvenir à développer un possible. Je l’ai été. À une (heureusement courte) période de ma vie, j’ai été au RMI (ex-RSA) et soutenu (sans faille) par ma compagne, une aide stabilisatrice qui m’a aidé à développer mes activités. J’ai été gravement malade, à un geste de mourir, et j’ai été soigné sans que l’on me demande une seule fois mon No de compte en banque. Un nombre si faible de pays dans le monde aurait fait de même. Et j’ai pu ensuite créer des sociétés et un institut de recherche qui aujourd’hui créent des emplois et rendent au tissu économique ce qu’il a bien voulu un jour m’apporter. Cet accueil, cet apaisement, m’a offert cela. Ce pays m’a permis d’avancer. Et nous ne devons pas cesser de le faire. Ce n’est pas nouveau, les campagnes présidentielles mettent les personnes migrantes au cœur des débats, dénonçant l’arrivée massive d’étranger dont les motivations seraient forcément douteuses. Nous jouons sur la peur des migrants, de grands remplacements, pour éviter de mettre sur la table quelques réalités. À l’heure où nous désirons des maisons mieux isolées, des canalisations qui ne fuient pas et des sols nettoyés, ce n’est pas les Français non migrants qui le font puisqu’ils représentent à peine 10% dans ces emplois. À l’heure où l’on désire des retraites mieux dotées, payées par moins d’heures de travail, ce n’est pas les Français non migrants dont le solde naturel (ratio naissance/décès) est désormais négatif qui pourront les payer (ou alors hop hop au lit mes amis). À l’heure où l’on sait que nous pourrions éviter 80% de départ forcé dans le futur en changeant les politiques sur le climat, aucune décision politique n’est prise dans ce sens. À l’heure où les guerres civiles, tribales et étatiques provoquent 72% des migrations forcées, nous continuons de vendre nos armes à ces pays ou groupes militaires. Entre impact climatique, guerre avec des armes françaises et famines dues à nos surconsommations, nous sommes directement responsables de 80% des raisons migratoires forcées des personnes qui arrivent chez nous. Alors si, vraiment, nous voulions moins de migrants, forcés ou non, nos seuls discours doivent être la réduction de nos impacts climatiques, la cessation de vente d’arme, car aucun mur, aussi haut soit-il, n’a jamais empêché les migrations ni protégé un pays à long terme. Aujourd’hui, au-delà de réduire nos impacts de manière drastique, plutôt que de parler de rejet, créer une vraie politique migratoire d’accueil en France. Une politique qui tend la main tout en demandant un effort (aucun problème par exemple pour que l’on impose l’apprentissage de la langue pour l’intégration, il n’y a là rien d’humiliant et que l’on interdise la pratique de droits coutumiers inhumains) qui offre surtout l’apaisement nécessaire à la création. La reconnaissance de l’aide reçue dans un moment de détresse offre plus de garanties d’un futur en commun que d’avoir, d’abord, passé par la case enfermement.



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